jeudi 13 décembre 2007

Kumari, deesse malgre elle..

Mis a part une infinite de dieux, deesses, divinites, de bouddhas, d avatars (incarnation d une divinite) et de manifestations religieuses, le Nepal compte aussi une deesse vivante ; la Kumari Devi, une fillette de 10-11 ans habitant dans un temple. Plusieurs legendes different quant a l origine de cette tradition. voici ce qu on explique; l une raconte qu un souverain Malla avait eu une relation sexuelle avec une enfant prepubere qui en mourrut. En penitence, il commenca a venerer une fillette comme une deesse vivante. Une autre dit qu un roi Malla, toujours, jouait regulierement aux des avec la deesse Taleju, divinite tutelaire de la vallee. Il lui fit un jour des avances inconvenantes et elle le menaca de lui retirer sa protection; toutefois elle se laissa attendrir et s engagea a revenir sous la forme d une petite fille. Une derniere legende enfin, parle d une fillette possedee par la deesse Durga et bannie du royaume. La reine furieuse, ordonna a son mari de ramener l enfant et de la considerer comme une veritable divinite.
Quoiqu il en soit, notre petite fille actuelle a un destin peu enviable. Choisie par une caste des l age de 4 ans, elle devait presenter 32 signes distinctifs tres precis qui vont de la couleurs des yeux a la forme des dents en passant par le son de sa voix. Son horoscope doit evidement se reveler favorable. Toutes les candidates selectionnees sont alors rassemblees dans une salle obscure dans laquelle sont disposees 108 tetes de buffles sanguilonantes et ou les hommes affubles de masques horribles viennent danser sur des sons terrifiants. Une deesse ne pouvant pas etre effrayee par la scene, on choisi celle qui ne bronche pas et est alors condamnee a etre veneree reclue dans une sorte de monastere. On la sort les jours de fete sur un immense char sacre. Lors de son apparition, on peut comprendre des lors qu elle ne deborde pas de joie a l idee de devoir encore tirer quelques annees dans sa prison doree. En effet, le regne de la Kumari prend fin des ses premieres regles ou toute autre perte de sang accidentelle. Elle redeviendrait alors une simple mortelle. On imagine a quel point on peut la surproteger pour eviter ce genre d incident. La caste des offevres Newar se met alors en quete d une nouvelle deesse. Courage, plus que deux ou trois ans a tenir.. Apres quoi. elle n aura plus jamais a se soucier de son avenir financier; la compensation est en effet plus que consequente... La petite vit donc avec sa famille a cote de la Dubar Square a Ktm, une place historique ou les batiments religieux a plusieurs etages coiffes de toits recourbes ont parfois plus de 700ans. C est dans ce cadre majestueux que pas moins de 10.000 personnes sont rassemblees aujourd hui pour assister a la sortie annuelle de la deesse. Sur les hauts escaliers des temples, les gens sont places selon leur origine (requete gouvernementale); les touristes d un cote et les locaux de l autres. Sur la place proprement dites, l armee contient la foule d une main de fer, en laissant juste l espace necessaire au cheminement du chariot gigantesque de notre reincarnation. Elle se fait attendre... 1h30 sur le planing, retard princier.. Voila qu apparaient les premiers chars annoncant la venue du principal. La foule en liesse est survoltee, acclamant d une seule voix le cortege fleuris. Les gens perches sur le char innondent la foule de fleurs orange, de feuilles et de riz. Une sorte d elephant blanc de 2m de haut en papier mache, decore de peinture indienne, avance furieusement devant le char de la deesse qui fait son entree, n hesitant pas a rentrer joyeusement dans la foule. Une sorte de ''doudou'' local en tout cas aussi violent... La fillette tronant sur son siege est a 3/4 cachee par ses serviteurs la protegant d un eventuel projectile. Du haut de ses dix metres, disimulee sous tous ses apparats, on peut a peine la distinguer. L armee est obligee d intervenir et d ecarter la meute de fans pour que le char puisse progresser. L enorme char est tracte a l aide d epais cordages. Les deux rangees d hommes tels des esclaves de l Egypte ancienne parviennent, aux prix d efforts inconsiderables, a faire bouger lentement les roues en bois plein de deux metres de haut. tous les paves de la place tremblent a son passage. Un dernier char plus petit celui-ci, cloture le cortege en lacant fleurs, feuilles et riz sur le public. La deesse est partie pour faire le tour de la ville jusqu au soir. Cathryn, la canadienne et moi meme en profitons pour visiter le reste de ce quartier hors du temps. Un musee a ciel ouvert a nouveau, tout parrait dater du moyen age dans une ambiance bien actuelle,elle. Des indoux, en costumes traditionnels, viennent demander l aumone aupres des touristes en echange d une photo. Ils peuvent aussi vous aborder avec un grand sourire en ''rependant'' la paix ou la chance autour d eux et la partageant en vous flanquant un point rouge sur le front (le troisieme oeil) sous forme d une epaisse pate casi indelebile ou en essayant de vous refiler une petite fleur orange contre la petite donation. On se laisse avoir une fois a ce petit jeu... En quittant Durbar Square, on retombe sur l elephant qui passe frenetiquement de ruelle en ruelle, foncant a travers tout, bousculant tout le monde. Je me fait ejecter en tentant de le photographier de plus pres. Ce truc pese une tonne, Aiieee.. Les harceaux internes sont tenus par deux hommes caches sous lui. Sur l exterieur de la bete peinturluree,une poignee de chaque cote permet aux deux autres personnes de dirriger la marionnette geante directement dans la foule. Les gens courent dans tout les sens pour l eviter tout en la suivant.. Son passage est accompagne d un cri commun; WA..WA......WA..WA...... comme pour le provoquer. Les acclamations s estompent avec l image de l elephant pour disparaitre finalement vers une autre ruelle. Le soir est tombe, que de bruit,d odeur, de mouvement, de couleurs, de monde, quelle chaleur, mais c est pas fini.... Le char gigantesque de la deesse lui succede. il a evidement plus de difficulte a avancer dans la masse de gens qui l attend impatiement. Pour l occasion, la ville a coupe toute l electricite des quartiers dans lesquels a lieu la procession. Je comprend mieux pourquoi... Je peux voir le char principal dans le fond de la ruelle maintenant! Mais avec ce monde, il lui faudra bien 20 minutes pour arriver jusqu a nous. On scande le WA..WA.....WA..WA.... il s approche rapidement finalement, le sol commence a vibrer sous nos pieds. Les gens devant lui le fuit comme la peste. Il vaut mieux en effet ne pas se trouver dans son chemin a son passage au risque de se faire ecraser. Les gens s agglutinent alors dans les echoppes sur les cotes, sur les premieres marches des maisons. On s entasse, on tremble de peur accompagnant les vibrations du sol a son arrivee. Le char est presque devant nous, il prend un tournant et sort de sa trajectoire et ricoche litteralement sur une facade, c est l euphorie... S inquietent t-ils du sort de la fillette? Quel choc! Quelle violence!! Ca se passe a juste a dix metres de moi. Je me fais le plus petit possible entre 15 personnes se protegeant dans un renfoncement minuscule. Du haut de ses dix metres, le char, en negociant son virage, a arrache et emporte avec lui un fil electrique qui tombe lourdement sur le sol. Personne n est blesse... Le grondement se rapproche et le tonnerre passe devant nous. On ne forme plus qu un bloc de chair parfaitement moule dans notre excavation pour ne pas se faire reduire en bouillie. Les roues imposantes nous passent devant, pfuiiiiit... l orage est passe, HAHAHA. C etait plutot etourdissant toutes ces emotions sur la journee.

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