mardi 3 juin 2008

Trois diables en Tasmanie

11/01/08

De retour à Sydney, le train nous arrête à "Central" où Dev passe nous chercher, nous emmenant au "fish market" pour acheter du crabe.  Les trois couples de p’tits belges partis en excursion dans le pays se retrouvent aujourd’hui et Dev va nous concocter un menu à la mauricienne.  On s’installe avec quelques huîtres et une bouteille de vin blanc australien et nous racontons notre semaine aux bords du port du marché aux poissons.  On en oublie presque pourquoi on est venu ici et repartons une première fois sans acheter de crabes…  Retrouvailles festives et arrosées donc avec toute l’équipe.  Dev, en vrai chef cuistot, façon créole, nous a fait macérer dans du vin rouge, un civet de canard depuis deux jours.  Fin prêt pour entamer la préparation de la fameuse soupe aux crabes…  Raph quant à lui, pour continuer dans l’esprit créole nous flamber quelques bananes au rhum pour le dessert ; un vrai festin.  On est tous content de se revoir, se racontant nos aventures ; Caro, Chris, Laurence et Laf, les deux autres couples belges, ont passé quelques jours dans le désert rouge, inoubliable !

 

12/01/08

Réveil tête dans le seau pour certain.  Journée idéale pour la visite du musée et de son expo photo…  On repasse tous ensemble cette fois au "fish market" en accompagnant notre repas d’un verre de coca, on a plus 20 ans comme je le disais…  Julie repart vers notre plat pays après un séjour trop court. Je rejoins le reste de la bande à Dee Why pour le traditionnel bbq de crevettes du marché aux poissons.  Il faut être en forme pour demain, une grosse journée nous attend sur la route des vins.  Vous allez finir par croire qu’on ne pense qu’à ça !!

 

13/01/08

 

Journée culturelle donc, à travers les vignobles australiens de la vallée des chasseurs ; "Hunter valley".  On est un petit groupe de 14 personnes.  Partir de Sydney à 8h00 du mat’ pour aller boire du vin, l’équipe est évidement motivée et…endormie…  On arrive à un point nommé pour l’apéro de 10h30…  On s’enfile à la chaîne 5 vignobles ; Iron gate, Mac Guigan, Brokken Wood, Tempus Two et Evans Hills.  Le journée sera entrecoupée par une autre activité culturelle ; le lancé de boomerang.  Résultats des courses ; sur le retour, tout le monde dort…  L’épopée se terminera devant un bon vieux Walt Disney ; le livre de la jungle, qu’on visionne d’ailleurs pour la 5eme fois, pour le plus grand bonheur de la petite Juliette.

 

14/01/08

 

Pendant que Dev comptabilise les poulpes sous l’eau avec une collègue pour une de ses étude, Laf et moi-même explorons les fonds à quelques brasses d’où ils travaillent.  Pas de quoi fouetter un chat…  Ca y est, c’est le grand jour, tout le monde part, je me retrouve avec le noyau australien ; Simone, Raph et Dev.  Je prends un jour avec Dev pour "organiser" notre voyage d’une semaine en Tasmanie.  Ce soir là, notre cession photos de nuit dans Sydney est annulée ; l’orage gronde…  J’en profite pour faire quelques courses dans le supermarché de Dee Why afin de leur préparer à manger.  Je cherche désespérément des ingrédients courant chez nous comme des échalotes ou de l’aneth.  Après avoir arpenté tous les rayons, je remarque qu’il m’est plus facile de trouver les chips et les sodas que les légumes…  L’influence de la culture et du style de vie américaine me parait très forte à différents niveaux.  L’Australie deviendrait-elle le pays de la mal bouffe ??

 

17/01/08

 

Le jour n’est pas encore levé qu’on arrive à l’aéroport de Sydney ; destination Hobart, Tasmanie.  Sur place, un parisien nommé Arnaud nous propose de partager sa voiture de location et ses quelques jours de vacances avec nous.  Il a en effet oublié son permis de conduire et se retrouve bloqué à l’aéroport.  Sans voiture sur l’île, impossible de circuler…  N’ayant fait aucun plan précis, nous partons en discuter en déjeunant près du port du chef lieu.  Nous nous mettons assez rapidement d’accord sur notre futur itinéraire à la terrasse de cette boulangerie "à la française" (Jackman & Mac Ross).  Tout le monde sort satisfait de notre deal, d’autant plus que Arnaud est une personne qui gagne à être connue. Direction Strahan donc, prononcer Strawn.  La Tasmanie est une île ou la nature domine, malgré l’abattage constant de pins et d’eucalyptus.  Moins de 500.000 habitants, pas d’industrie lourde, ce qui lui vaut l’air le plus pur de la planète, dit-on…  En effet, je n’ai jamais senti autant d’odeurs naturelles et diverses qu’ici.  Vers le lac St Clair, on croise notre premier diable de Tasmanie et premier Wombat (gros rongeur), tout deux écrasés, comme deux carpettes.  C’est aussi le "pays" des lacs, les tasmaniens en tirent profit au maximum en construisant des barrages impressionnants pour produire de l’énergie.  Aux bords du lac Burbury, on nous conseille de nous rendre sur la plage de Strahan pour assister au ballet d’oiseaux marins au couché du soleil.  Vers Strahan toujours, les routes sinueuses fabuleuses traversent de vieilles forêts denses pour transiter vers des routes au paysage minier désertique, complètement paumé dans la montagne.  A Strahan même, la Gordon River, est une des attractions principale des l’île.  On arrive sur place dans la soirée.  Il n’est pas 22h00 et tout est déjà fermé.  Notre dernière opportunité est un bout de poisson au "fish café" avant d’entamer quelques parties de billard avec les bûcherons locaux en dégustant la bière du pays ; la "Cascade Draught", culture oblige…

 

18/01/08

 

Une journée super ensoleillée s’annonce.  Ici, les températures sont plus fraîches que partout ailleurs en Australie évidement, le soleil est donc une bénédiction ; on connaît se sentiment chez nous…  Départ de Macquire Harbour sur la Gordon River.  Le personnel a bord est exagérément gentil et la clientèle exagérément âgée, on fait un peu tâche.  "L’aventure" commence au passage de la porte des enfers ; "Hell Gates" où nous pénétrons dans l’histoire de la Tasmanie.  Cette île était autrefois LE lieu de pénitence où étaient envoyés tous les prisonniers britanniques essentiellement.  Ils étaient donc envoyés à l’autre bout de la terre pour purger des peines souvent exagérément longues, compte tenu de la "gravité" des méfaits.  Des gosses y étaient par exemple incarcérés des années durant pour un simple vol à l’étalage.  On y voit derrière une intention évidente à utiliser une main œuvre bon marché servant dans l’exploitation forestière à la conception de bateaux et autres meubles en bois précieux. Des femmes aussi y étaient exilées, plus rarement. Une île propre leur était destinée, séparées des hommes pour éviter le bordel, c’est le cas de le dire…  Vous savez ce que c’est quand les femmes sans mêlent… ;-)  Ca n’a d’ailleurs pas empêchés quelques bagnards mâles de rejoindre l’île en question  à la nage pour participer à des viols collectifs !! Ambiance sur l’île de la tentation, j’ai du mal à m’imaginer quel genre de vie ça devait être…  C’est d’ailleurs par ces pratiques peu orthodoxes que les premiers natifs d’Australie ont été conçus…  Sur Sarah Island donc, était exploités principalement les pins Huons, parfois vieux de 3000 ans.  Ces arbres ont la particularité d’être clonés naturellement ; lorsque un arbre meurt, un ou plusieurs repoussent sur le tronc couché dans une chaîne sans fin avec le même code génétique.  Nous nous arrêtons sur l’île en question.  Le chemin est balisé.  Une passerelle légèrement surélevée est conçue pour en faire le tour et éviter tout incident.  En effet, à part les mouchoirs laissés par certains touristes, on aperçoit une des quatre espèces de serpent, mortelle bien sûr, se prélassant tranquillement sur une souche.  La croisière se poursuit sur cette rivière lisse comme un miroir dans laquelle les pins millénaires se reflètent.  Merveilleuse journée.  Au volant de notre voiture de location, Dev nous conduit jusqu’à Tullah où nous assistons à un couché de soleil inoubliable en bord de mer.  Jugé par vous-même !!

 

19/01/08

 

Levé à l’aurore pour prendre la route vers les "Cradle Mountains".  Le temps froid et maussade de ce  matin brumeux renforce le côté dramatique du paysage lunaire.  On rentre dans une région où les coupes de bois ont dénudé les terres environnantes.  L’exploitation du bois est la principale richesse de Tasmanie.  Ils n’ont rien trouvé de mieux que d’abattre des pins millénaires pour en faire du papier ou du chardon, gaspillage...  Le paysage ravagé prend fin, se transforme progressivement en ce qui pourrait ressembler aux Highlands ou la Lande.  Dev aussi est un peu maussade ce matin.  Mauricien dans le sang, il supporte mal le froid.  Quant à Arnaud et moi-même sommes mal réveillés.  Notre humeur va vite changer à la vue du lac "Dove" face aux "Cradle Mountains" où nous allons vivre un des plus beau trek de notre existence !  De petites plages de cailloux bordent le lac.  Les arbres aux alentours ont l’air torturés par les siècles traversés, boursouflés. Les formes impensables des troncs sont prêtes à prendre vie et à nous parler ; captivant, je suis scotché !!  On prend un peu d’altitude, on pénètre dans le nuage et passons de lac en lac dans ce décor énigmatique. On s’arrête sans arrêt pour prendre des photos.  Dev se découvre une passion pour la macrophotographie depuis deux jours.  On prend du retard sur notre journée, mais qu’importe !  On commence à être sérieusement trempés.  A encore 1h30 du sommet, nous préférons faire demi tour et fuir ce crachin désagréable et prendre notre lunch plus bas, au sec, sur une de ces plage de galets.  Sur le parcours, des odeurs enivrantes d’eucalyptus, de pins, de miel, de citronnelle, de pins d’épices.  On respire à pleins poumons l’air le plus pur de la planète J .  Nous quittons ce "jurassique parc" et son décor de "Seigneur des anneaux" en direction de Bisheno.  On tombe alors nez à nez avec un wombat, qui s’arrête stupéfait, devant la voiture.  On se regarde bêtement durant quelques secondes en se demandant qui de nous deux allait bouger le premier.  On se décide à ouvrir doucement  les portières pour l’approcher et le prendre en photo.  Pris d’émotion par cette rencontre inespérée, on en oublie d’éteindre la radio qui fait fuir aussitôt notre rongeur à travers les eucalyptus pour disparaître à jamais…  On arrive finalement de nuit sous la pluie à destination.  On sent qu’on est arrivé à l’extrémité sud de la Tasmanie ; le temps est plus froid et le soleil se couche 1h00 plus tard qu’à Sydney.  Le dernier resto de la ville est tenu par une française qui nous fait goutter sa cuisine.  La tradition est ici d’apporter sa propre bouteille de vin.  Nos discutions s’éternisent jusqu’à trois heures du matin pendant qu’Arnaud nous joue du piano.

 

20/01/08

 

Petit déjeuner devant une mer rude et sauvage.  Plus tard à Frecynet, autre parc national, où dominent les mégalithes de marbre rose, quelques kangourous nous accueillent sur le parking de ce dernier.  Arnaud se fait potte avec l’un d’entre eux, le contact passe tout de suite.  Deux chemins s’offrent à nous ; continuer à monter sur ces énormes roches arrondies par l’érosion ou descendre vers une des plus belles et plus sauvages plages au monde, dit-on…  On décide de prendre notre déjeuner sur les rochers de la plage nos sardines tomatées en boites au goût savonnés, elle est pas belle la vie !!  Un kangourou a élu domicile sur cette plage, mais celui-ci ne semble pas ému par la présence d’Arnaud.  Dev, quant à lui, continue la macrophotographie ; une révélation !  Des rouleaux vert turquoise se forment pour s’écraser violement sur les paquets gluants d’algues imposantes accrochées aux rochers. En fin de journée, on aperçoit aux jumelles sur une île n face, une troupe de pingouins agglutiner les uns aux autres.  Certains jaillissent de l’eau, comme on libérerait un bouchon de sa bouteille de champagne, pour se joindre à la colonie.  Ce pays est stupéfiant, la nature, la vie sont omniprésentes. Plus loin, Dev à la bonne idée de jouer avec la queue d’un serpent pour mieux le placer dans le cadre de nos photos…une des quatre espèces mortelles j’imagine… Après plusieurs coups de téléphone à Port Arthur, lieu de notre prochaine visite, nous trouvons quelques difficultés à louer une chambre dans une guesthouse et nous voyons obligé de nous rabattre sur Hobart, la "capitale", ville la plus proche.  Arrivé de nuit, tout est fermé, à nouveau, ce dimanche soir.  Après de longues recherches, on trouve un endroit minable où l’on nous sert une pizza.  On y boit quelques bières autour d’un billard pour l’anniversaire d’Arnaud pour finir endormi dans notre chambre d’hôtel, exténué, endormi tout habillé…

 

 

 

21/01/08

 

Réveil difficile, départ pénible, on est en retard !  On ne passe que 20min de visite à Port Arthur avant de conduire Arnaud à l’aéroport.  Cet ancien fort abritait les bagnards de la "grande époque". Nous voilà,  Dev et moi-même, partis vers de nouveaux périples.  Nous logeons à présent à Orford, dans sa plus ancienne maison, un ancien relais de poste ; la "Sanda House" rénovée dans un style très british, comme sa patronne d’ailleurs (juste le style…pas rénovée, ben oui !!).  Miss Trebovy ne nous a pas entendu arriver ; elle préparait de la confiture pour notre futur petit déjeuner…  La chambre des roses est toujours habitée par son ancienne perceptrice, décédée il y a plus d’un siècle.  Nous écoutons aux portes en espérant rencontrer son fantôme…  Notre chambre porte aussi un nom de fleur, lit chauffant, dentelles, froufrou et motifs fleuris font partie intégrante de la décoration.  Et cerise sur le gâteau, le détail qui fait toute la différence ; Teddy l’ourson nous attend sur l’édredon pour nous tenir compagnie la nuit, au cas ou on aurait peur du fantôme d’à côté, j’imagine.   Nos sacs déposés, nous passons aux choses sérieuses ; organiser notre prochaine plongée.  On nous indique une station service pour obtenir de plus amples renseignements.  Un gars costaud, aux mains pleines de cambuie, nous fixe rendez-vous dans deux jours pour une plongée parmi les phoques et une autre sur une épave avec peut être des requins à la clé !  Tout le monde à l’air de se connaître dans ce petit patelin.  On rencontre des gens aimables et serviables.  Les tasmaniens ont l’air de bien vivre et d’une façon très simple.  Un peuple très nature dans tous les sens du terme.  On sait aussi apprécier les bonnes choses ; ils font, ici, du très bon vin et fromage.  Fin de soirée dans le petit salon de notre ancien bureau de poste à lire quelques pages dans ces vieux meubles d’époque en attendant notre fantôme… !!

 

22/01/08

 

Petit déjeuner maison royal, préparé par "grammy Trebovy ".  Tout est fait main ; le pain sort du four, les jus fraîchement pressés et la confiture juste refroidie, quel régal !  Nous partons à présent prendre le ferry pour Maria Island, cartographiée par Nicolas Baudin (Ce nom vous parlera certainement si vous travaillez au labo de biologie marine…J ).   La première chose qu’on aperçoit en accostant sur cette île, est une rangée de silos en béton.  Convertie à présent en réserve naturelle, on y fabriquait autrefois du ciment.  Une partie de l’île défrichée et désertique porte encore les traces de l’activité humaine.  Je vis alors ma première rencontre avec un kangourou sauvage, bel et bien vivant cette fois.  C’est un grand gris de la taille d’un humain.  Assez imposant, je n’irai pas m’y frotter, il a vraiment l’air très costaud !  On croise plus loin d’autres wallaby, plus petits et plus sympathiques.  Les kookabooras ; des oiseaux aux cris ressemblant à ceux d’un singe hilare paradent sur les branches d’eucalyptus.  Un peu plus loin, le long de la côte, la roche foncée, est criblée de fossiles marins ; bivalves, mousses, bryozoaires.  Les vagues frappent ces dernières avec une impressionnante violence lorsqu’on s’y trouve à quelques mètres.  Passé une colline, on débouche sur une plage de sable blanc.  L’eau turquoise n’est qu’à 16°C, mais qu’à cela ne tienne, on n’est pas tous les jours face à un tel spectacle, on enfile nos maillots !  Nos, maintenant traditionnelles, sardines à la tomate enfilées et un repos bien "mérité", on marche jusqu’à la fin de cette plage vers un lieu nommé "Painted Cliff" (la falaise peinte).  Ici, les couches colorées de cette pierre de sable, érodée, usée par le temps, nous offre un magnifique tableau naturel.  C’est la fin de la marrée basse et bientôt de notre excursion.  On a 20min pour rejoindre l’autre bout de l’île où notre ferry vient nous rechercher.  Le temps d’une douche à Orford et nous reprenons à nouveau la route pour Port Arthur.  La nuit, il y est organisé, aux milieux des vieilles ruines, un "ghost tour" ; un parcours guidé à la recherche des fantômes hantant les lieux avec histoires "terrifiantes" à l’appui.  Leur tour est d’ailleurs réputé pour vous flanquer la chair de poule, résultat ; même pas un frisson.  La seule émotion qu’on ait eue a été sur le chemin de retour.  Le raccourci conseillé par la patronne de notre charmant hôtel, nous mène sur une piste très vallonnée de 35kms à travers le bush ; sensations garanties, d’autant plus que les animaux sont encore et toujours de la partie ; wallaby, kangourous, opossums, phalangés et j’en passe. Un diable de Tasmanie pique un sprint dans la lumière de nos phares durant 100m avant de comprendre d’aller de réfugier dans le fossé.  Un véritable safari de nuit dans la brousse australienne.

 

23/01/08

 

Adieu au fantôme de la poste et à notre très chère Miss Trebovy.  Programme du jour ; plongée avec les phoques sur,…., j’vous le donne en mil, l’île aux phoques, original, non ?