mercredi 24 octobre 2007

La dure realite de Mada

13/10/07
Par securite, je m y prend 16 jours a l avance pour confirmer mon prochain vol Tana --> Maurice. J apprend que mon vol a ete annule, ils ont echange ma place contre un vol le 23.
Impossible, c est trop tard je lui dis... j ai ma correspodance pour Delhi a partir de Maurice le 21... Ca a pris une journee entiere pour qu ils retrouvent mon dossier et trouvent une solution de remplacement. Ben oui, a force de se rejetter les responsabilites d une agence ou d une personne a l autre, on finit par perdre des heures... Les conversations etaient dingues au telephone, j avais cette impression tres desagreables de mieux connaitre leur propre boulot. Reste la question du visa pour lInde. Je suis en transit a Delhi plus de 24h, est ce que je dois me procurer un visa de transit ou pas, si oui, est ce que je peux l acheter a l aeroport? Pas de probleme, on s occupe de tout Mr Pernet. Je telephone a l ambassade d Inde a Tana pour en etre certain, le gars me confirme les dires de la personne de chez Air Mauritius. OK, tout est correct.. Deux jours pour regler ca!! En resume Tulear-Tana; Tana-Maurice; Maurice-Chenay; Chenay-Delhi; Delhi-Katmandou. Le tout sur trois jours avec des horraires completement debiles ou j ai juste l occasion de dormir 5 heures en trois jours (puisque je n arrive pas a dormir assis). Mais j arrive comme prevu a Katmandou, donc satisfait.
15/09/07
Le matin Jean Marc me fait faire le tour du proprietaire. Tout est impeccable; chaque piece de l entierete du bloc et les infrastructures toutes autour sont entrtenues d une facon exemplaire. Ca contraste assez fort avec le je m en foutisme malgache. Apres quelques petites courses avec Josi sur le marche de Tulear, je me precipite dans un cybercafe. Les horraires d ouvertures sont assez speciales; le matin ca commence a 8, 9 ou 10h jusqu a midi puis de 15h a 17h. Restrictions gouvernementales et horraires limites dus aux agressions. Le patron de l endroit m explique que pas plus tard que la semaine passee, des bandes armees rentrent dans les magasins en fin de journee, tirent dans le tas avant d emporter la caisse... tranquille.. Du coup, tout le monde rentre tot chez soi.


Le soir, je revois chez Jean Marc, apres 4 ans, Bea, qui reviend de la capitale ou elle a fait ses courses pour son resto; le 'Corto Maltese', le resto rital, cantine des anciens du labo. Elle a l air en pleine forme, toujours aussi franche du crachoir avec le petit accent itlalien et les gestes. Tout le monde est la, c est le moment de faire un tour au Zaza Club, veritable institution locale. Mais l ambiance n est plus ce qu elle etait me dit-on. On verra, je peux pas partir d ici sans y avoir mis une fois les pieds. Malheureusement Bea est fatiguee de son voyage et Josi de sa journee. J irai seul avec Jean Marc. Sur la route, en direction de la discotheque, un attroupement d une dizaine de personnes, pres d une moto couchee, regarde s eloigne une voiture de police. Jean Marc s arrete pour voir qui est blesse. On nous dit que la personne allongee est un vaza. Je m approche, il me parrait bien foncee pour un blanc... Il serait guadeloupeen... Il est assez petit, des jambes toutes fluettes, plus fonce de peau qu un guadloupeen, des habits uses; ce type est un malgache, pensais-je. Mais pourquoi me mentiraient-ils? Le gars est mal en point, il faut agir, les minutes comptent, on prenda son identite plus tard. Son casque est reste accroche a l arriere de sa moto. Cette derniere aurait percute le trottoir. L arriere droit de sa tete est enfoncee. Le visage est terrifiant, les yeux grand ouvert dans le vide regardant en face sa derniere heure arriver. Sa bouche entre ouverte est criante de detresse, mais personne ne peut l entendre. Il n y a pas d ambulance ici et si on le bouge sans precausion, on pourrait faire pire en essayant de lui venir en aide. Mais on a pas la journee...! Jean Marc saute dans sa jeep, j ouvre l arriere du vehicule. Deux autres malgaches deposent brutalement le corps inanime. Comme la conduite risque d etre mouvementee jusqu a la clinique, je bloque tant bien que mal le blesse entre mes pieds en essayant de rester debout. Le rale profond charge de bulles de sang me rempli de desaroi, que faire pour l aider, je me sens bien impuissant. Il a des spasmes, j essaye de lui tenir la tete couverte de sang. Son corps chetif est deja froid, pauvre gars, c est pas bon signe! Apres quelques coups de klaxon, la porte de la clinique s ouvre et un docteur l examine apres seulement 5 minutes d attente sur la civiere. A la lumiere des neons et sa lampe de poche crayon, il nous explique que la pupille droite reste dilatee. le cerveau a ete touche, il faut le trepaner. Les details de ce crane et de son visage presque eteint dans cette lumiere froide et cette odeur de sang me souleve le coeur. Je dois prendre l air... Pour etre soigner a Mada, il faut pouvoir payer directeent ses soins, sans quoi on vous emmene de la clinique a l hospital qui fait office de mouroir. Le gars n a pas de papiers sur lui, il faut donc enqueter sur son identite pour savoir s il pourra (peut etre) survivre. Dans ces conditions quelques peu morbides, Jean Marc et moi meme passerons d hotel en hotel, de bars en bars et de boites en boites ou il serait suppose etre descendu ou passe. J aurai donc l occasion de voir le legendaire Zaza Club durant 5 minutes d investigation avant de retourner a la clinique sans information plus precieuse sur cette personne. Finalement, les gens du service nous apprennent qu il est employe dans une brasserie et qu il est donc bien malgache. Il viennent justement de le transferer a l hopital pour une radiographie. La verite est evidement toute autre puisqu il ont une radio a la clinique. L accidente malgache n ayant certainement pas assez d argent pour payer l operation a ete invite a passe ses dernieres heures a l hopital. J apprendrai plus tard de la bouche de Jean Marc qu il a succombe a ses blessures plus ou moins deux heures apres l avoir depose a la cinique, qu il gisait sur le sol depuis deux bonnes heures avant qu on l ait ramasse, que la police, qui etait sur place, n avait pas voulu s en occuper ni personne d ailleurs, que la plus grande chance qu a eu Jean Marc c est qu il ne soit pas mort dans son 4X4. C est d ailleurs la raison pour laquelle personne meme un malgache ne prendra un blesse malgache a bord de son vehicule (pour ceux qui en ont). Si la personne blessee venait a mourir a ce moment, la famille du defunt te remet la responsabilite sur les epaules et te demande de l argent en compensation, puis revient t en redemander encore et encore. Si tu n es pas d accord de payer, elle fait intervenir la police qu elle corrompt et les reelles ennuis commencent. Un systeme que les malgaches ont cree et entretiennent entre eux. Donc si tu as un accident sur la route a Mada, t as peu de chance de t en sortir, sauf si tu peux payer, comme les vazas; raison pour laquelle les gens attroupes autour du blesse affirmaient qu il etait vaza pour qu on lui vienne en aide mais sans vouloir prendre de risque pour eux. Jean Marc le savait, mais un malgache reste un etre humain...

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